Portrait - Tom Bauer : Un engagement personnel et professionnel en faveur de l’environnement

photo institut Chambéry vue aérienne - Arts et Métiers
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« J’ai la chance de pouvoir appliquer mes convictions personnelles dans le milieu professionnel »

Tom Bauer a développé un engagement personnel et professionnel en faveur de l’environnement. Depuis septembre 2021, Tom est enseignant-chercheur en évaluation environnementale et stratégie de fin d’usage et de fin de vie des produits à Chambéry.

 

D’où vient ton engagement pour l’environnement ? 

Mes études supérieures ont été très orientées autour du génie mécanique et industriel mais j’ai toujours eu la volonté de mettre mes compétences au service d’un « mieux environnemental ». Après deux années d’IUT à Besançon et une année d’ERASMUS en Irlande, j’ai opté pour un master universitaire en éco-conception.
Quand on s’attaque à ce sujet j’ai l’impression que plus on creuse, plus on se rend compte des problèmes, ce qui motive d’autant plus à trouver des solutions ! 
Je suis ensuite entré comme ingénieur de recherche au laboratoire G-SCOP à Grenoble. C’est là que je me suis intéressé aux questions environnementales au niveau des services comme l’économie de la fonctionnalité.
J’ai ensuite fait ma thèse, toujours au G-SCOP, sur les problématiques de conception pour la fin d’usage des batteries : comment trouver, pour des produits de l’industrie, des applications en cascade afin d’envisager des usages successifs et maximiser leur durée de vie, leur fonctionnalité et ainsi minimiser leurs impacts environnementaux. 
J’ai la chance de pouvoir appliquer mes convictions personnelles dans le milieu professionnel.  

Quelles sont tes thématiques d’enseignement ? 

Concernant mes activités de formation, j’apporte aux étudiants des outils permettant l’évaluation environnementale et des connaissances sur les enjeux environnementaux, notamment ce qui est lié aux produits complexes que sont les produits numériques. Quels sont les impacts "cachés" liés au numérique ? Quelle conception en vue de la fin d’usage et de la fin de vie : stratégie de recyclage ou de remanufacturing, c’est-à-dire réintroduire un produit en fin de vie ou en fin d’usage dans la chaîne industrielle, le recontrôler et le reproposer à la vente comme équivalent à un produit neuf. 

Quel est ton ressenti sur le rapport des étudiants aux problématiques environnementales ? 

Je trouve nos étudiants vraiment intéressés et intéressants, motivés, renseignés, critiques. Ils et elles n’hésitent pas non plus à apporter des éléments et à nous challenger. C’est très encourageant ! 

Et concernant la recherche ? 

Les thématiques sont similaires. Je co-encadre Axelle Bertrand dans ses travaux de thèse visant la massification des ACV (Analyses de Cycle de Vie) pour rendre compte des impacts environnementaux d’un maximum de produits grand public. Couplé à cela, nous questionnons l’affichage environnemental associé : comment mieux représenter l’information pour les consommateurs ? 
Dans le cadre de la thèse de Marion Ficher, nous réfléchissons aux problématiques liées à la fin de vie des équipements électriques et électroniques numériques (tous les objets connectés à internet). Quel devenir, comment avoir des informations fiables, quelles sont les filières de fin de vie officielles et non officielles et quels impacts environnementaux ? 
La thèse de Mathis Cuzin, elle, vient de démarrer sur le développement d’un PLM « soutenable». Le PLM est un logiciel qui permet de gérer un produit sur l’ensemble de son cycle de vie, utilisé dans les usines pour faire, entre autres, de la gestion de références, de la gestion de stocks et de produits. L’objectif est d’y intégrer les dimensions environnementales et sociales. 
En parallèle, j’ai  participé à un module du projet PIA3 ET-LIOS visant l’intégration des enjeux de soutenabilité en ingénierie. Il s'agit de former des formateurs. Nous avons mis en place des modules de cours sur ces questions de transition socio-technique et environnementale afin d’aider les enseignants à s’approprier ces concepts (ACV, lowtechs, matériaux critiques, éco-conception, éco-innovation…).  C’est en libre accès pour les enseignants du supérieur. 
Je participe aussi au projet SDC2 : Smart Disassembly Cell for Circularity. Porté par les collègues de l’I2M à Bordeaux, son objectif est de mettre en place une ligne de désassemblage semi-automatisée pour valoriser au mieux les produits en fin d’usage et de vie. Il faut identifier les produits, les tester, mettre œuvre les opérations de désassemblage et qualifier les différents sous-ensembles pour un démontage plus avancé, ou pour  du recyclage, de la réparation ou de la réutilisation pour une autre application. Cela va concerner dans un premier temps des moteurs électriques, des convertisseurs de puissance et des gros équipements électriques et électroniques du type lave-linge. 

En quoi l’activité recherche de l’institut de Chambéry s’inscrit dans la lutte contre les impacts environnementaux des produits et des services ? 

Nous cherchons comment nous pouvons prolonger la durée de vie et la valeur ajoutée des produits pour minimiser leurs impacts au travers de stratégies de valorisation des fonctions et pas uniquement de la matière.
Nous faisons  remonter de l’information aux concepteurs et/ou décideurs, grâce à différents indicateurs pilotés à partir d’informations de terrain pour les accompagner et leur permettre d’innover dans un objectif de réduction des impacts sur l’environnement. 
Nous travaillons aussi sur la prolongation de la durée de vie des produits grâce à des stratégies de réutilisation de pièces et de composants.  

Que penses-tu de la politique de l’établissement en matière d’environnement ? 

Cela va dans le bon sens. J’aimerais pouvoir accélérer les choses. Selon moi, cela commence par la formation des collègues aux enjeux de la transition qui s’amorce. Cela fait écho à nos travaux dans ET-LIOS mais aussi aux multiples initiatives de l’école tant au niveau national (Axe2) que local (groupe de réflexions à Aix ou à Châlons). Il faut pouvoir s’organiser au mieux et dégager du temps pour tout cela.
En parallèle, il faudrait pouvoir dédier certains enseignements à ces questions spécifiques. C'est ce que nous avons la possibilité de faire à Chambéry. 

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