Être une fille et étudier à Arts et Métiers, ça donne quoi ?

Être une fille et étudier à Arts et Métiers, c’est comment ?
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Être une fille et étudier à Arts et Métiers, c’est facile ? C’est la question à laquelle répondent Cyrine (PIS), Emma (PGE), Fátima (Bachelor) et Éloïse (MTI3D).

Cyrine MathlouthiCyrine Mathlouthi, programme d’ingénieur de spécialité en génie énergétique, Paris :  « Il ne faut rien laisser passer ! »

« J’ai choisi Arts et Métiers car j’ai rencontré des étudiants de l’école qui m’ont expliqué leurs parcours en alternance. J’étais alors en licence de physique mais j’ai vite compris que j’étais plus intéressée par l’applicatif que par les sciences fondamentales.
Nous ne sommes pas beaucoup de filles à Arts et Métiers. Dans ma promo, nous étions une dizaine sur 45 étudiants. C’est un poids mais cela ne m’a pas empêché de m’épanouir dans mes études et d’avoir de bonnes relations avec mes professeurs et mes camarades.
Je n’ai pas senti de sexisme pendant mon cursus sauf, parfois, dans des tournures de phrase utilisées par certains enseignants comme « Ne faites pas vos jeunes filles effarouchées ». C’est un exemple de patriarcat qu’il ne faut pas laisser passer. Sinon, cela va se transmettre aux générations suivantes. C’est en réagissant que l’on peut faire changer les choses.
Chez RTE où je suis en alternance, je suis chargée d’études en concertation : je fais des études de contexte, par exemple pour un important projet de renouvellement de réseau souterrain en plein Paris. Il faut définir le meilleur tracé en concertation avec la mairie, des associations et des experts. Nous travaillons aussi beaucoup avec des agriculteurs.
RTE est une entreprise où je n’ai pas senti de sexisme. À l’inverse, elle est très respectueuse de la vie de famille, tant pour les femmes que pour les hommes. Mais je sais que ce n’est pas le cas partout. Dans un précédent stage, j’avais d’ailleurs entendu parler de propos problématiques comme une blague qu’une femme devait supporter tous les jours : « Allez lolotte, enlèves ta culotte, c’est moi qui pilote ». Il existe aussi un sexisme plus feutré qui fait que c’est toujours la femme qui est chargée de rédiger les comptes-rendus ou de faire le café.
En fait, dans mes études et mon travail, je n’ai personnellement pas de problème mais je suis révoltée par ce que je vois dans la société, que ce soit dans la rue, dans les transports en commun ou sur les réseaux sociaux :  les agresseurs sont partout et sont des messieurs comme tout le monde. On n’a pas atteint l’égalité contrairement à ce que certains pensent. »

Emma DominguesEmma Domingues, en année de césure, programme Grande École : « Je me suis pleinement épanouie à Arts et Métiers »

« Il faut que plus de filles intègrent Arts et Métiers, et c’est un choix que je leur recommande. Même si le sexisme est encore présent dans l’école, ce n’est clairement pas une valeur dans l’école. Tout au contraire. C’est un message très clair que nous avaient donné les 2e année dès notre période d’intégration.
J’ai fait mes deux premières années à Lille. Mes études m’ont satisfaite, surtout la 2e année où on travaille plus en mode projets. J’ai aussi beaucoup apprécié les liens forts qui se créent entre les étudiant.e.s. L’entraide et la solidarité, ce n’est pas du vent. Nos camarades sont là quand on a besoin.
Je me suis sentie parfaitement intégrée dans ma promotion contrairement à mes années de prépa où j’avais connu du sexisme et de l’homophobie. J’ai pu être pleinement moi-même.
En 2e année, nous avons organisé un débat sur les violences sexistes et sexuelles auquel a participé Pascale Rigaud, directrice adjointe du campus. Le format, c’était une pièce de théâtre montrant des situations courantes suivie d’un débat. Cela a permis de lancer le sujet et faire prendre conscience à chacun du problème.
J’ai pris une année de césure pour découvrir des projets liés à l’environnement.  J’ai déjà fait un stage dans une entreprise spécialisée en énergie renouvelable. Là, je suis partie en Écosse pour travailler en tant que bénévole dans une coopérative qui œuvre pour le zéro déchet. J’ai aussi prévu de passer du temps au Royaume-Uni chez un agriculteur en permaculture selon le principe du wwoofing : on est logé.e et nourri.e en échange de notre travail. Ainsi, j’aurai une vision globale et à plusieurs échelles de ce qui est fait pour l’écologie en Europe, et de ce qui m’intéresse ou non.
Pour ma 3e année, j’ai prévu de postuler pour l’expertise en écoconception ou en management du changement et innovation durable à Chambéry. C’est d’ailleurs pour ces deux expertises que j’ai choisi de postuler à l’école. »

Fatima Andrea Cruz SolanoFátima Andrea Cruz Solano, élève en 2e année de Bachelor de Technologie, Bordeaux-Talence : « Il faut montrer que les métiers liés à la technologie sont importants »

« Je suis une ancienne élève du lycée franco-mexicain, au Mexique. Après avoir obtenu mon bac STI2D option Énergie et Environnement, je me suis orientée vers un Bachelor pour acquérir des compétences théoriques et pratiques du monde de l’industrie.
J’ai toujours été passionnée par les technologies de l’énergie et de l’informatique. J’ai travaillé sur différents projets lorsque j’étais au lycée (biodigesteur, voiture radiocommandée…).
Le Bachelor de Technologie est l’opportunité idéale pour continuer à réaliser de nouveaux projets innovants année après année. J’aime particulièrement les travaux pratiques et la possibilité qu’ils offrent de réaliser des pièces avec différents moyens, tout en suivant des cours de conception en classe.
Dans la formation, nous sommes amenés à réaliser des projets nous permettant d’avoir une approche concrète des problématiques scientifiques et technologiques.
Ces apprentissages sont complétés par un grand nombre de stages : un stage exécutant d’un mois en 1re année, un stage technicien de trois mois en 2e année et un contrat de professionnalisation en 3e année. La formation est donc pour moi l’occasion à la fois d’exercer le métier que je souhaite et de faire un premier pas dans le monde du travail.
Les secteurs technologiques et scientifiques sont encore fortement marqués par l’absence des femmes même si les choses bougent. Il faut sensibiliser les femmes, dès leur plus jeune âge, à ces enjeux pour les encourager à choisir cette voie professionnelle.
Il faut également montrer, par notre propre expérience, que les métiers et professions liés à la technologie sont attractifs, intéressants, ludiques, et surtout qu'ils ont une grande importance pour l’avenir de société. »

Eloise MinderÉloïse Minder, en 2e année de master MTI3D à Chalon-sur-Saône et en PEIT (parcours Entrepreneuriat et Innovation Technologique)
« À Arts et Métiers, être une fille n’est ni un frein, ni un bénéfice »

 « Après mon BTS, je me suis orientée vers une école d’ingénieurs en alternance. En entreprise, je faisais partie d’une équipe qui travaille à la surveillance et l’instrumentation d’opérations de soudage pour le nucléaire. J’étais la seule femme dans l’équipe mais je me suis bien intégrée. J’étais investie dans mon travail. La période du COVID m’a permis de réfléchir au sens de mon travail et la place que je voulais prendre dans la société.
J’ai remarqué une publication sur les réseaux sociaux qui parlait du master MTI3D. Je voyais dans les technologies 3D une liberté d’action et des domaines applicables qui pouvaient satisfaire ma quête de sens dans mon travail.
Je n’ai pas ressenti de frein ou de bénéfice d’être une étudiante dans la formation du master. C’est la motivation qui est prise en compte. Dans la promotion, les étudiantes sont une minorité (nous étions 1 sur 9 en M1 et 3 sur 12 en M2) mais cela n’empêche pas la bonne ambiance et une bonne cohésion de groupe.
En 1re année de master, j’ai participé aux Entrep’ de Bourgogne (plus d’informations). C’est un programme qui permet d’avoir les bases du déroulement d’un projet d’entrepreneuriat.
En première année également, avec un binôme, nous avons développé une application pour le concours IEEE VR (plus d’informations). Nous avons aussi tenté notre chance au concours étudiant de Laval Virtual et nous avons gagné un prix, décerné par la communauté japonaise IVRC (plus d’informations). Cela nous a permis de participer au concours japonais et de remporter un prix d’honneur (plus d’informations). Portés par ces prix et les retours des jurys, nous avons décidé de poursuivre le projet.
Cette année, je suis en master 2. Je participe au programme PEIT (Parcours Entrepreneuriat et Innovation Technologique). J’ai également le statut national d’étudiante-entrepreneure (SNEE). Grâce à ce statut, j’effectue mon stage de fin d’études sur le projet qui a remporté le prix japonais. Le but est de démarrer une startup, peut-être d’ici l’année prochaine.
Cette année aussi, avec six autres étudiants de ma promotion, nous avons décidé de participer au concours de l’IEEE VR. Nous avons également soumis le projet au concours étudiant de Laval Virtual en avril.
Ma motivation est l’attrait du défi, ce qui m’aide à gagner de la confiance en moi. J’aime aussi explorer de nouvelles choses, avoir un quotidien varié. »

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