Sébastien Laporte, directeur de l’Institut de Biomécanique Humaine Georges Charpak (IBHGC), a reçu en 2021 le prix Christian Oddou de la Société de Biomécanique.
Que représente pour vous le prix Christian Oddou ?
Au-delà de la reconnaissance relative à mes travaux de recherche en biomécanique lésionnelle et traumatologie, ce prix montre mon implication dans le rayonnement national et international de la biomécanique, tant au niveau de la recherche scientifique que de la formation par et pour la recherche (DEA de Biomécanique puis master BME Paris, doctorat …). Mes activités pédagogiques me semblent d’ailleurs indissociables de mes activités de recherche, tant elles sont nécessaires pour la formation des prochaines générations de chercheurs en biomécanique.
Quel a été votre parcours avant votre arrivée à l’Institut de Biomécanique Humaine Georges Charpak ?
J’ai rejoint très tôt le laboratoire de Biomécanique puisque suite à l’obtention de l’agrégation en Sciences Industrielles de l’Ingénieur et Ingénierie Mécanique de l’ENS Paris-Saclay en 1998, j’ai préparé et obtenu un DEA en Génie Biologique et Médical option Biomécanique à Arts et Métiers en 1999.
J’ai ensuite soutenu mon doctorat de mécanique en 2002 toujours à Arts et Métiers, puis mon Habilitation à Diriger des Recherches en Sciences pour l’Ingénieur à Sorbonne Université en 2011. Durant mes années de formation à la biomécanique, j’ai eu la chance d’aborder des thématiques de recherche très diverses : modélisation biomécanique du confort automobile, reconstruction tridimensionnelle à partir d’imagerie médicale, modélisations géométriques et mécaniques de structures anatomiques…
Quels sont vos axes de recherche à l’Institut ?
Mes travaux s’articulent autour de trois axes :
- l’étude expérimentale du comportement mécanique des tissus et structures biologiques ;
- la modélisation géométrique et mécanique paramétrée ;
- l’étude du comportement dynamique du corps humain in vivo.
Par exemple, ces dernières années, mes travaux se sont focalisés sur le comportement dynamique et à rupture de l’os spongieux et du complexe musculo-tendineux, ou encore sur la modélisation du complexe cou/tête/cerveau pour la compréhension et la prévention de la commotion cérébrale dans les sports de contact tels que le rugby.
Une partie de ces travaux a été développée en lien très étroit avec les constructeurs automobiles français et plus récemment dans le cadre de collaborations avec la Fédération Française de Rugby.
Quelle impulsion souhaitez-vous donner à l’IBHGC ?
Les activités scientifiques de l’Institut se sont diversifiées ces dernières années, avec, en particulier, le développement d’une thématique de recherche en biomécanique du geste sportif, thématique « boostée » par les futurs JO de Paris 2024.
Cette thématique s’appuie, bien sûr, sur les expertises scientifiques et techniques déjà développées dans nos axes de recherche « historiques » : la modélisation biomécanique et la recherche clinique, la capture et la modélisation du mouvement humain, les applications dans le domaine du handicap ainsi que la biomécanique lésionnelle.
Cette diversification ne doit cependant pas nous faire oublier l’ADN de l’Institut, le lien fort entre la clinique et les sciences de l’ingénieur, collaboration riche et porteuse d’innovation de rupture ! Mon ambition pour les prochaines années est donc de renforcer encore plus cette spécificité avec, par exemple, l’association de davantage de cliniciens à la recherche du laboratoire.