Inventé et conçu à la fin des années 1970 par Xenakis, avec et pour les Percussions de Strasbourg, l’ensemble des six sixxens n’existait qu’en un seul exemplaire. Ces instruments de percussion viennent d’être reconçus et fabriqués pour la 4e génération des Percussions de Strasbourg, grâce au concours de Paul Gueib, étudiant en Programme Grande École.
Reconcevoir le son original des sixxens
Paul Gueib débute son projet de BachelorArbeit en 2020 (projet de deuxième année dans le cadre du double-diplôme franco-allemand). Son objectif : reconcevoir les six sixxens conçus pour ne jamais être joués à l’unisson par les six percussionnistes de l’ensemble strasbourgeois.
L’analyse fonctionnelle et les entretiens menés avec les musiciens l’amènent à proposer le cahier des charges d’une version améliorée des sixxens : châssis moins lourd, meilleure démontabilité et surtout : une fréquence de son plus proche du souhait originel.
Un projet étudiant qui allie l’ingénierie et la musique
L’analyse du son des lames montre en effet un écart entre le son produit par les instruments et la volonté initiale de ses concepteurs : la différence de hauteur souhaitée d’un quart de ton entre deux lames homologues de deux claviers adjacents, se révèle ne pas être respectée sur l’instrument original.
Paul Gueib étudie alors le son des lames : sur leur spectre, l’intensité de la fondamentale est assez forte puis les harmoniques persistent longtemps. Dans des simulations numériques il lie paramètres géométriques et fréquence fondamentale pour déterminer l’influence de la géométrie des lames sur le son. C’est ce qui lui permet d’en déduire leurs caractéristiques : longueur, épaisseur, rayon de pliage, etc.
Une fois ces éléments validés, il définit la gamme de fabrication et après quelques essais, en lance la fabrication au sein des ateliers du campus Arts et Métiers de Metz.
Entendre le sixxen
En parallèle, Paul Gueib conçoit et améliore la liaison lames/châssis, les étouffoirs, les châssis, etc. Des éléments sont fabriqués au fur et à mesure, testés par les musiciens et corrigés au besoin.
C’est en stage, puis en césure (pour cause de Covid) qu’il termine son projet avec la conception et la coordination de la fabrication des instruments. Re-fabriqués pour la première fois en adoptant leur spécificité sonore, les sixxens servent dès ce mois de juillet 2021 à l’enregistrement d’une nouvelle version de la pièce Pléiades de Iannis Xénakis, compositeur à l’origine de leur création.
Un morceau qui pourra être entendu lors de représentations données par les Percussions de Strasbourg dès le mois de juillet à la Reggia di Caserta en Italie, puis au château du Preisch en Moselle le 20 août mais aussi au cours de l’année 2022, notamment en juin à Strasbourg à l’occasion du 60e anniversaire de l’ensemble (toutes les infos sur le site des Percussions de Strasbourg).
Autour du sixxen
Ce sont les liens préexistants du temps de la création du Veme qui amènent les Percussions de Strasbourg à se tourner vers l’association Thinktone, co-fondée par un enseignant Arts et Métiers du campus de Metz pour reconcevoir les instruments.
Ce projet a également été accompagné par l’entreprise Rythmes & Sons sur la réalisation de prototypes, des châssis et autres matériels, dont les caisses de transport.